La coordination "Le Monde d’Après du pays de Saint-Malo" et le collectif "Dinan diver’Cité"
ont rencontré l’ARS, la direction du Groupement Hospitalier Territorial et le Maire de Saint-Malo.
Ne pas confondre communique et informer, pour faire vivre une démocratie sanitaire.
En matière de conduite du projet et de communication nos deux délégations ont fortement contesté les méthodes de l’ARS visant à créer du consentement au détriment d’un processus permanent et documenté d’information, et écartant de fait des acteurs de terrain (élu.e.s, organisations citoyennes) au moment des choix.
La transmission seulement aujourd’hui à nos organisations de la lettre de cadrage du projet produite en fév 2021 et jamais rendue publique, illustre ce management de projet directif et opaque,
Une reconnaissance de la pertinence de nos analyses et interrogations.
S’il a fallu forcer la porte pour obtenir ces audiences, les échanges marquent cependant - à travers nous - une reconnaissance de la capacité des citoyen.nes à s’approprier ce dossier complexe et à contribuer à la réflexion sur le projet. Nous avons fait connaître notre volonté de nous inscrire dorénavant dans le processus d’élaboration.
Des engagements « ambitieux », sous fortes contraintes
Nos interlocuteurs ont clairement affirmé la nécessité d’agir fortement contre le risque de dépérissement des deux établissements (vétusté des installations, maintien et recrutement des personnels…) et manifesté leur volonté de faire du nouvel outil un établissement attractif. Mais ils font état également des contraintes fortes en matière de financement et de mise en concurrence -de fait- des établissements publics au plan régional
Un projet médico soignant partagé (PMSP) détaillé mais dont la soutenabilité à court et long terme pose question.
- Un processus de fusion réaffirmé et théoriquement cohérent.
Le projet prend en compte la nécessité d’une articulation entre les soins hospitaliers, leur amont et leur aval et cherche à apporter les réponses aux problèmes d’installation de jeunes médecins sur tout le territoire. Il s’inscrit dans un processus de fusion des établissements de Saint-Malo – Dinan – Cancale en termes d’organisation des soins, de gestion des ressources humaines et des compétences médicales et non médicales, mais aussi dans une logique de complémentarité des sites fondée sur un modèle d’organisation et de division du travail issu du monde de l’entreprise.
- Une complémentarité qui pose question.
Elle se base sur des équipes de spécialistes intervenant sur les différents sites mais avec « une gradation » et donc une hiérarchisation des activités entre les structures de proximité (Cancale, Dinan, Saint-Malo cœur de ville) et l'hôpital territorial (à Saint-Malo Ce dernier, décrit comme disposant d’un « plateau technique de haut niveau » aurait pour fonction « le plus lourd, le plus sévère y compris en termes d’urgence. En revanche, si on nous affirme qu’un service d’urgence 24h/24 avec SMUR serait maintenu à l’hôpital de Dinan les activités de spécialités n’y seraient plus pratiquées qu’en ambulatoire (consultations, hôpital de jour, explorations…). On nous assure que cette « perte de substance » qui vient s’ajouter à la fermeture de la maternité et qui ne peut que heurter la culture de cet hôpital millénaire, serait compensée par l’implantation du plateau unique de rééducation fonctionnelle, d’un centre de maladies chroniques et du renforcement du pôle de médecine gériatrique.
Plusieurs problématiques restent pendantes et nous y reviendrons.
On aura compris qu’à la suite de nos échanges avec les porteurs du projet, notre perplexité et nos doutes sur ce projet demeurent. Sans évoquer à ce stade la question de son financement, sa mise en œuvre et sa pérennité, basées sur la mobilité et le recrutement de professionnel.les dans le contexte actuel et encore à venir, sera-telle soutenable dans la durée ?
- Dans le contexte actuel de la démographie médicale et des professionnel.les de santé, comment la médecine de ville pourra assumer la charge accrue dans le suivi des soins et de l’hospitalisation à domicile, conséquence de la volonté de réduire le temps d’hospitalisation à l’hôpital et de réduire les capacités en lit ?
- Comment permettre à l’hôpital public d’assurer le pilotage stratégique du système hospitalier et de soins primaires et de suite, entre établissements publics, établissements privés non lucratifs ou lucratifs, médecins et soignants libéraux ?
- Comment assurer la permanence du soin pour tou.te.s dans un système accordant une plus large place aux services numériques et multimédias (télémédecine, téléconsultation)
- Quelle politique pour les villes et agglomérations d’aménagement et gestion de "centres de santé" pour faciliter la médecine de groupe, la médecine salariée afin de résorber et lutter contre les déserts médicaux ?