Le Monde D’Après* et Dinan diver’Cité
ont rencontré Monsieur le Maire de Dinan
En octobre dernier, la coordination malouine Le Monde d’Après et l’association Dinan diver’Cité s’adressaient dans une lettre ouverte aux élus et responsables du Groupement Hospitalier de Territoire Rance Emeraude en pointant l’absence de communication officielle sur l’état d’avancement du projet de restructuration des hôpitaux publics de notre secteur sanitaire. Plusieurs signaux nous amenaient à penser que l’étape Conseil National pour les Investissements en Santé n’était pas sans risque pour le projet. Notre inquiétude étant ignorée des décideurs, nous les relancions à la mi-novembre sous la forme d’une demande d’audience, dans la même configuration que celle que nous avions obtenue en décembre 2022. A ce jour, seuls le maire de Dinan et le Président du Conseil Départemental des Côtes d’Armor ont réservé une suite positive à cette demande.
Entretemps, le maire de Saint-Malo confirmait (Ouest-France du 3/01/2024) que le Grand projet hospitalier rencontrait bien des difficultés devant les instances ministérielles notamment en ce qui concerne son financement, au point qu’il était question de présenter « un plan B ».
Cet aspect du dossier a fait naturellement l’objet d’échanges lors de l’entretien que nous a accordé le maire de Dinan le 9 janvier dernier. Celui-ci a cependant relativisé les obstacles rencontrés et nous a assuré que le projet médico- soignant n’était pas remis en question et qu’en dépit de quelques ajustements et optimisations fonctionnelles nécessaires, le Conseil National de l’Investissement en Santé avait donné un quasi « feu vert » au Grand Projet. Autrement dit, pas de nécessité de plan B.
Qui croire ?
Cette dissonance inquiétante entre les élus nous interpelle : ne seraient-ils pas tenus à distance du dossier par la technostructure sanitaire (Ministère, ARS, direction du GHT) ? Autre exemple : le maire de Dinan a assuré, s’agissant du processus juridique de constitution d’un établissement unique, qu’on ne pouvait pas parler de « fusion-absorption ». Or, c’est précisément cette formule juridique (au passage, empruntée au droit des sociétés privées) qui est inscrite dans le titre et l’article 1 de la décision de l’ARS en date du 26 décembre 2023, fondant la création du Groupe Hospitalier Rance Emeraude. Ce n’est pas qu’une question symbolique. Il s’est agi de transférer à l’établissement unique dont le siège social est à Saint-Malo toutes les autorisations de Dinan et Cancale en matière de médecine, de chirurgie, médecine d’urgence, soins de longue durée, soins de suite et de réadaptation. On concentre ainsi entre les mains du directeur du groupe hospitalier Rance-Emeraude le pilotage intégral de la nouvelle structure hospitalière.
Nombre de lits ?
Autre interrogation portant sur le nombre de lits ouverts au sein du groupe hospitalier Rance Emeraude : Monsieur Lechien nous a assuré qu’il n’y avait aucune incertitude et que le nombre de lits était maintenu, sans toutefois nous communiquer le chiffrage. Un document attestant de cette donnée existe-t-il ? Quelle répartition par service ? Si oui, pourquoi n’est-il pas rendu public ? Nous ne pouvons que nous étonner du fait que cette donnée essentielle ne soit pas communiquée à la population du secteur.
Développement du secteur privé au détriment de l'hôpital public ?
Concernant les aspects de coopération entre le nouvel établissement et les structures privées et professionnels libéraux, l’entretien avec le maire de Dinan nous conforte dans notre sentiment que les choses n’évoluent pas vraiment. Le secteur privé lucratif poursuit son développement sur les reculs du service public sans faciliter l’accès aux soins pour tou.tes (praticien.nes en secteur 2 – dépassement d’honoraires); on ne ressent pas, de la part des pouvoirs publics locaux de volonté politique d’agir pour faciliter l’accès aux soins de premier recours (création de centre ou maison de santé pluri professionnelles...) et pour développer la coordination avec les structures hospitalières. Cette question est pourtant déterminante pour assurer le retour à domicile après les soins ambulatoires et les prises en charge des personnes âgées multi pathologiques ou porteuses de maladies chroniques.
Bref, après ce premier entretien, nos inquiétudes demeurent et justifient notre vigilance et celle de tous les usagers des services de santé. La prochaine rencontre programmée sera notre entrevue avec la vice - présidente du Conseil Départemental des Côtes d’Armor où le sujet du devenir des structures médico-sociales (EHPAD, Unités de long séjour) du nouvel établissement sera abordé.
* Attac Pays malouin – Jersey ; FSU Ille et Vilaine ; La France Insoumise du Pays malouin ; Ligue des droits de l’Homme Saint-Malo et Pays malouin ; NPA ; Osons ! Solidaires 35 Pays malouin ; UDB